Le mobbing (ou harcèlement psychologique) est un phénomène fort
répandu en milieu scolaire. Comment sensibiliser les enfants en classe ?
Quel rôle ont les parents à jouer pour prévenir de tels actes ? Quelles
sont les conséquences possibles pour la victime ? Comment agir si on
est témoin ? Abordons toutes ces questions avec Nancy Holtgen, une
ancienne éducatrice graduée devenue, depuis 20 ans, coach de vie
personnelle et professionnelle, notamment spécialisée en mobbing.
Rappelons tout d’abord qu’il existe différentes formes de harcèlement:
- le harcèlement sexuel,
- le harcèlement physique,
- le harcèlement psychologique,
- le harcèlement social. Celui-ci se caractérise essentiellement par le fait d’ignorer la personne ou encore de la priver de tout contact social et/ou d’informations qui devraient normalement lui être transmises,
- le cyber-harcèlement. «Cette forme de harcèlement qui se manifeste principalement sur les réseaux sociaux est, à mon sens, la plus grave car elle ne s’arrête malheureusement pas à la grille de l’école. L’atteinte psychologique est considérable; la victime étant confrontée à son ou ses harceleur(s) 24h sur 24.», commente Nancy Holtgen
Le harcèlement scolaire revêt différentes formes (insultes, moqueries, humiliations, mensonges, vandalismes
des affaires de la victime…) et se caractérise par un effet
de récurrence qui peut durer quelques jours, quelques
mois, voire plusieurs années. Le harcèlement à l’école est
un phénomène complexe: il associe différents facteurs
tels que la violence physique et la violence psychique.
Enfin, soulignons que le racket ne peut être considéré
comme du mobbing en tant que tel.
Les signes qui doivent alerter
Il est possible de repérer si votre enfant subit un harcèlement scolaire par son changement de comportement:
- est-il plus stressé que d’habitude ?
- souffre-t-il de peur chronique d’aller à l’école ?
- se plaint-il de céphalées, de maux d’estomac, d’insomnie ?
- a-t-il développé des troubles du comportement alimentaire (anorexie, boulimie, hyperphagie) ? Une allergie soudaine ? Une maladie psychosomatique ?
- sa confiance en lui a-t-elle fortement diminué ces derniers temps ?
- est-il enclin à l’isolement social ?
- est-il dans un état dépressif ?
- a-t-il des envies suicidaires ?
Comment prévenir et agir ?
Pour se protéger du harcèlement scolaire, les enfants
doivent développer des compétences personnelles et
relationnelles telles que la confiance en soi, l’estime de
soi, l’expression des émotions et ressentis, l’affirmation de soi et la pose de limites clairement définies («Je
n’accepte pas tel ou tel comportement à mon égard») ou
encore la communication interpersonnelle («Notre réalité
n’est pas celle des autres»).
Il est important qu’ils prennent également conscience
des signaux que le corps leur envoie pour leur montrer
s’ils écoutent ou non leurs besoins.
Par ailleurs, pour prévenir le mobbing, il convient d’aborder avec les enfants/les adolescents les notions d’empathie («Comment crois-tu que l’autre enfant se sent maintenant depuis que tu as publié une photo compromettante
de lui sur les réseaux sociaux ?», «Dans cette situation, comment toi te sentirais-tu ?»…), de partage, de respect d’autrui, de cohésion sociale ou encore de protection de la
vie privée.
Les parents, les enseignants, les éducateurs ou toute
autre personne en contact avec des enfants/adolescents ont un rôle essentiel à jouer pour prévenir et lutter
contre ce phénomène de harcèlement scolaire.
Les enseignants peuvent utiliser des méthodes simples telles que:
- organiser des «tables rondes» pour la gestion des conflits en classe. «Il convient d’instaurer un vrai dialogue en classe. S’il y a un différend entre deux élèves, il est important que chaque enfant puisse verbaliser ce qu’il ressent à l’autre sans le blesser.», précise Nancy Holtgen,
- proposer des exercices de teambuilding ou des jeux de coopération. Chaque enfant peut ainsi se rendre compte qu’il est important aux yeux de toute la classe: «Moi aussi, j’ai une valeur pour les autres. Sans moi, ils n’arriveront pas à réussir l’exercice ou le jeu demandé. Je suis une des pièces du puzzle.»,
- visionner des films traitant du harcèlement scolaire.
«Le harcèlement scolaire est un sujet à prendre très au sérieux. Idéalement, il devrait être abordé avec les enfants dès le plus jeune âge et en utilisant des mots adaptés à l’âge de l’enfant. En espérant qu’un jour, la thématique du harcèlement à l’école puisse être officiellement intégrée au programme scolaire, avec des messages répétitifs tout au long du cursus.», commente Nancy Holtgen.
Quant aux parents, ils ont à leur disposition plusieurs outils pour booster la confiance en soi de leur enfant:
- lui dire qu’il peut verbaliser ses émotions,
- faire la distinction entre votre enfant et son comportement («C’est ton comportement que je n’apprécie pas. Toi, je t’aime tel que tu es.»),
- lui donner des responsabilités en fonction de son âge.
Nancy Holtgen: «Plus votre enfant sera grand, plus les
tâches qui lui seront attribuées devront être complexes.
Celles-ci ne devront toutefois pas dépasser ses capacités.
Je prends souvent l’exemple d’un enfant âgé d’un an qui
souhaite grimper sur une chaise. Bon nombre de parents
s’inquiéteront qu’il ne tombe. La meilleure posture est celle
de dire à son enfant: «Fais attention. Tu risque de tomber, mais, rassures-toi, je reste près de toi pour te rattraper si
besoin. En cas de réussite, l’enfant augmentera sa confiance
en lui. Et s’il échoue, il aura fait une expérience de plus. Tous
ces petits pas sont indispensables pour lui permettre de
construire au fur et à mesure sa confiance en soi. Mais, dans
notre société actuelle, on voit bien que les enfants sont surprotégés. On ne leur permet finalement plus de vivre leurs
propres expériences et donc d’augmenter leur confiance en
eux. Comprenons bien ceci: un enfant qui a confiance en
lui ne sera jamais harcelé. Il est évident que le harceleur essayera d’avoir une emprise sur lui, mais il va tout de suite
se rendre compte qu’il ne pourra pas y arriver. N’oublions
pas que le harceleur se nourrit des faiblesses de sa victime.»
Que faire si mon enfant est harcelé ?
Si votre enfant est victime de mobbing, il est important
de le signaler immédiatement auprès de la police. Vous
pouvez aussi contacter le SePas (Service psycho-social et
d’accompagnement scolaire) au sein des lycées ainsi que
le président et son équipe au sein des écoles primaires.
Il est important que la victime puisse tenir un journal de
bord pour y relater tous les faits qui ont eu lieu et de
le transmettre directement à la police. Attention, tout
conflit entre deux enfants n’est pas toujours considéré
comme du harcèlement.
Nancy Holtgen rappelle: «La victime ne peut pas s’en sortir
toute seule; elle a besoin d’aide extérieure. Si en tant que
parents, enseignants, éducateurs, directeurs d’école, élèves…
nous sommes témoins d’actes de harcèlement scolaire, nous
avons l’obligation morale de réagir rapidement. Ne rien
faire équivaut finalement à soutenir l’auteur (ou les auteurs)
du harcèlement… Expliquons bien aux enfants qu’ils doivent
avoir le courage d’aider la victime en signalant les faits à un
adulte et ne pas se dire: «J’ai de la chance, ce n’est pas moi
que l’on harcèle.»
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